Paf ! La journée de chien

Publié le par Mel

Bon, c'est vrai, j'avais promis de revenir vous voir plus souvent. J'avais promis. Mais bon, vous savez ce que c'est, le boulot, tout ça, tout ça, plus une minute à moi. Alors, histoire de vous détendre un peu et que vous ne croyiez pas que, pendant que vous êtes bloqués au pays de la grisaille et de l'angoisse de la Crise, je me la coule douce tout le temps, je vais vous raconter une petite annecdote qui s'est produite il y a peu. Vous allez voir, vous, ça va vous faire rire, moi, ben... sur le moment, beaucoup moins.

Or donc, je devais aller à Rabat pour interviewer quelqu'un pour le gros dossier du mois. Je ne peux pas dire que j'ai eu le pressentiment de quoi que ce soit, mais enfin, ça me faisait chier prodigieusement, une heure et demi de trajet, les embouteillages, tout ça, quoi. Comme je suis une psychosée du retard, je pars à midi pour un rendez-vous à 14h30, histoire d'être sûre, parce que bon, je connais pas le quartier, et puis on sait jamais... J'aurais pas dû me forcer.

Paf ! 200 mètres avant l'entrée de l'autoroute, voilà-t-y pas que j'ai un pneu qui crève. Bon, heureusement que je n'allais pas vite, j'ai pas perdu le contrôle de la bagnole. P'tain, j'ai eu du pot que ça soit pas sur l'autoroute à 120 à l'heure... Je me tape une peur rétrospective, moi dans le décor, clamsée sur le bord de l'autoroute, si ça se trouve j'aurais même fauché un gamin qui se balade, bref, direct l'enfer, la culpabilité, la mort, tout ça... Je relève mes manches, je sors le cric, je me casse un ongle ou deux, je me réconforte à l'idée qu'avec un peu de chance, je serais pas en retard, vu ma manie de partir avec 20 ans d'avance. Le temps que je me désole sur l'état probable de mon chemisier à l'issue de l'opération de changement de roue, un gars très gentil s'arrête, roule des mécaniques et le fait à ma place. Evidemment, je le bénie, le loue sur tous les tons et puis je me presse, parce que bon, c'est une galette, ma roue de secours, alors pas question d'aller sur l'autoroute avec. Je vais donc chez Speedy, juste en face, hamdoulla, ils me mettent une mèche, vite fait, bien fait, y'en a pour 10 balles et 10 minutes. Oui, je sais, ça n'existe plus en France, mais ici, si et puis ça marche, alors... En tout, seulement une grosse demi-heure de perdue, tout va bien, hamdoullila, je serais pas en retard.

Paf ! Mais je suis conne ou quoi ?!? Je viens de rater l'entrée d'autoroute, j'ai voulu la prendre un peu plus loin, sur la route de l'aéroport, histoire de pouvoir rouler, éviter la rocade et ses embouteillages, et voilà que je l'ai raté, le putain d'embranchement ! Faut que je me tape encore 10 bornes pour chopper le rond-point, faire demi-tour et revenir ! Je suis vraiment trop conne, là, c'est sûr, je suis limite. 20 minutes plus tard, c'est bon, je suis enfin sur l'autoroute, ça va être chaud, on peut encore le faire, on y croit !

Paf ! Saloperie d'embouteillage de m.... Mais qu'est-ce qui se passe ? Trois quart d'heure pour faire 10 bornes, c'est abuser... Y'a du monde partout, ça roule sur les bandes d'arrêt d'urgence, c'est l'enfer ! Ah, oui, un gros carambollage et les flics qui bloquent toutes les voies, normal... Bon, c'est sûr que là, c'est foutu, ch'uis en retard. Faut que j'appele le mec pour le prévenir. Doit être en train de manger. Je l'envie, pas eu le temps, moi.

Paf ! Mais quel con ! Pourquoi il m'a pas dit qu'il fallait que je prenne la sortie vers l'autoroute de Tanger ?!? Me voilà dans Rabat Agdal et c'est pas là du tout ! "sortez avant le pont", l'est malin, lui, y'en a partout des ponts, je croyais que c'était de l'autre qu'il parlait ! Ben non. Bon, demi-tour, on reprend l'autoroute, on va jusqu'à Temara, on re-reprend l'autoroute dans le sens inverse, on prend la BONNE putain de sortie, on contrôle, le mec sait où on est, il est compréhensif, faut se calmer, il va nous donner d'autres instructions, pas se planter, cette fois.

Paf ! Comment ça, c'est pas là ? Mais j'ai suivi les instructions à la lettre ! Deuxième feu rouge à gauche... Non ? Ah, fallait d'abord dépasser le Marjane ? Mais putain de nom de dieu de merde ! Pourrait pas être plus clair des fois ?!? Surtout, rester calme, pas exploser, pas l'engueler, le monsieur, c'est du sérieux, institut d'état et tout et tout... On fait demi-tour, on passe devant Marjane, on se reprend. C'est donc le deuxième feu à gauche APRES le Marjane et puis y'a aussi une histoire que j'ai pas bien saisie, de feu sur un pont qui compterait pas, mais on va bien voir...

Paf ! Il devait compter, le p... de feu sur le pont, parce que là, je suis sur la route de Tanger et je vois pas quand je vais pouvoir en sortir ! C'est pas possible, je suis maudite, son institut, c'est un mirage, je n'y arriverais jamais ! Heureusement, y'a un policier qui fait la circulation à un croisement mineur et qui arrête notre voie pour faire passer des camions de travaux... Sidi, laisse-moi faire demi-tour, j'me suis plantée... Wakha, lella, vas-y, mais vite, hein, VITE!!!

Paf ! J'ai été vite... Trop vite. Me suis emplafonné le trottoir de séparation des voies avec la roue gauche. Sans doute rien de grave, on se calme. Ah ben merde, si, c'est grave, la direction est plantée, je peux pas rouler. Je vais sur le bord de la route, toute façon, pas le choix, la bagnole avance en crabe. Deux policiers arrivent, des gens s'attroupent, je suis un peu sonnée, mais j'ai rien. Bon, je m'explique aux flics, ils sont sympas, ils arrêtent un dépanneur qui passait justement par là, même pas trois secondes d'attente. On peut pas dire, j'ai pas franchement eu de chance, aujourd'hui, mais les gens ont toujours été sympas. Ils négocient avec le dépanneur qui comprend pas un mot de français pour qu'il me ramène à Casa chez mon garage, parce que comme la bagnole est sous garantie, c'est là ou nul part, que je peux la faire réparer. 900 balles... pour repartir à 60 km à l'heure vers Casa. Trois heures de trajet. Le même temps qu'il m'aura fallu pour arriver là, en fin de compte, puiqu'il est un peu plus de trois heures de l'après-midi quand j'ai compris que j'y arriverais pas. Je réapelle le mec pour lui proposer, plutôt, une interview par mail, parce que là... Je calcule que je devais être à moins d'une borne de son putain d'institut à la noix. Je suis tellement fatiguée que je n'en suis même plus désespérée. Me sens un brin coupable, j'organise l'arrivée, parce que le garage sera fermé, je négocie de pouvoir y faire entrer ma bagnole si le lendemain matin, à la toute première heure, j'y suis pour les papiers. Heureusement, le gardien, pas prévenu, est sympa, lui aussi, me laisse rentrer, il me prête même du fric pour payer le taco, le dépanneur m'a tout piqué.

Une semaine et demi après, l'assurance va payer, pas de malus parce que je n'ai fait de mal qu'à la voiture et à rien d'autre, ils appellent ça un "accident fortuit". C'est sûr que j'ai pas fait exprès, alors je vais pas les contredire, hein... Mais le garage n'a pas les pièces, il les a commandé, ça prendra encore une semaine. Ma soeur arrive lundi, j'ai demandé une voiture en attendant, on est assuré tous risques, c'est prévu dans le contrat, mais pour le moment, pas de nouvelles. Sinon, j'en louerais une. J'ai finalement reçu l'interview en question à minuit le jeudi soir, je devais rendre l'article le lendemain matin. Dormi 3 heures, cette nuit-là, mais j'ai fini dans les temps. Saloperie de journée de chien !

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R
Amitiés d’un petit poète qui s’enquiert de toute lumière…et vous convie au partage des émotions…
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H
Je te plains de tout mon coeur et n'auras pas l'envie de te moquer de toi du tout. Heureusement que tu es entourée de gens compréhensifs et généreux :-) pour te osrtir d'une journée pareille... Ah, les joies de la conduite.
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B
merci Mel pour ces nouvelles du maroc, un peu familiarisée avec ces aventures marocaines quasiment constantes, cela m'a fait beaucoup rire. Je vais souvent à Casablanca et ai une pensée pour vous. Je m'endors en pensant Dar bouaza, le Maarif...<br /> bizavous
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