Des bilans de nouvelle année

Publié le par Mel

Salut les zamis !

Maintenant que je sais que j'ai un lectorat extérieur, je promets de donner plus régulièrement des détails sur la vie ici. Cependant, je ne résiste pas à ce message absolument inintéressant pour qui ne me connais pas : quelques mots de mon état d'esprit actuel.

D'abord, je pense beaucoup à vous tous en France. Les nouvelles années ont toujours cet effet de nous faire faire des bilans, dont nous tirons généralement des résolutions que nous ne tiendrons pas. Quelque part, cela même fait partie du jeu. Je ne pousse cependant pas le vice si loin, mais le bilan, si, ça, je le fais.

Pourtant, la subdivision arfbitraire du temps en année est en réalité peu pertinente : j'ai toujours ressenti le temps s'écouler en "période". Pour moi, il y a "la petite enfance", "l'enfance", l'adolescence",  "la vie d'étudiante bordelaise", "Paris" et maintenant "Casablanca".

Souvent, la division en période s'accompagne d'un changement spatial. La petite enfance correspond pour moi à l'errance pré-Royan, où j'ai passé mon enfance. L'adolescence aussi, me direz-vous, oui, mais après un passage-transistion d'un an aux Antilles (un autre avait d'ailleurs séparé la petite enfance de l'enfance). A chaque changement de lieu, c'est comme si nous repartions à zéro, tout neufs, prêts à une toute autre vie.

A chaque fois, cela me réjouie. Pourtant, cette fois-ci, jamais je n'ai eu tant d'amis ni de liens très forts à quitter : Paris, c'est là où je suis devenue adulte, là où je vous ai rencontré, pour la plupart, là où j'ai exercé un métier passionnant, qui, pour fermé qu'il m'est désormais, n'en est pas moins une part importante de moi, qui m'a aidé à me définir et dans lequel j'aime à penser que j'excellais.

C'est bien d'ailleurs ce pourquoi il fallait que j'en parte : Paris, c'était le journalisme, la fièvre des rédactions, les "plans" pour faire un truc ou un autre, les soirées à jouer ou à discuter jusqu'à pas d'heure sur l'intérêt comparé des Treki et des adeptes de Star Wars, les Maxi Marschmalow quizz, les soirées entre filles, les concours de "contexte" mesurés au "rougimètre", bref, c'était l'énergie, l'enthousiasme, le monde ouvert sur tellement de possibilités que c'en était étourdissant.

Changer de métier n'est pas facile. Ecrire est une gageure. Ecrire pour en vivre est un pari. Un pari que j'ai, certes, choisi de faire, que je tremblais de désir de faire depuis longtemps, mais qui demande du temps, du courage, un environnement adapté à ma terreur et à mon excitation, pas de distraction superflue non plus. Vous tous, mon Paris à moi, vous êtes à la fois ceux qui m'ont donné le courage d'essayer et ceux qui m'en empêcherait le plus sûrement, non par méchanceté, mais simplement en me mettant sous le nez toutes les possibilités fabuleuses du quotidien d'un bobo intello. Et puis, comment confronter mes petites peurs, ma lente maturation au rythme parisien, aux mags terminés en 48 heures de taff de fin de bouclage halluciné  ? J'avais je crois, une impression d'échec de ne pas pouvoir poursuivre ma route de rédactrice en chef, tout en étant tellement peu convaincue de parvenir à écrire que j'en restais hébétée.

Casablanca représente pour moi le confort : une bonne, un grand appartement, du soleil, une nourriture saine et variée, bref, de quoi vivre tranquille et peut-être, trouver le courage de lentement maturer jusqu'à parvenir à écrire. Une sorte de cocon protecteur, dans lequel je pourrais muer plus tranquilement de la journaliste, toujours en mal de formules et de l'émulation d'une conf de rédaction, à l'écrivain, plus centrée sur elle-même. Pour l'instant, rien ne dit que j'y parviendrais, je n'en suis toujours pas certaine, mes différents projets n'ont que peu avancés (bon, y'a maman à la maison, aussi, ça n'aide pas, mais trève d'excuses foireuse : si vraiment j'avais voulu, j'aurais sans doute pu), et malgré tout, je sens que cela devient de plus en plus du domaine du possible. J'ai en fait un sentiment très proche de celui que j'avais en arrivant à Paris : un nouveau monde s'est ouvert à moi.

Vous remarquerez comme j'ai peu mis de photos, peu parlé de la vie casaouïe, comme je ne l'évoque finalement même pas dans ce bilan. Certes, je suis en terre étrangère, j'ai rencontré des gens sympathiques, le pays éveille grandement ma curiosité, la langue arabe commence à me fasciner, et pourtant... Pourtant, je sors peu, je m'habille de matières chaudes et douillettes comme le mohair, le polaire, enfin bref, le pilou, quoi, je prends peu de décisions, je ne visite rien ou quasiment du pays, je ne prends pas encore de cours d'arabe, je ne donne à l'inverse pas de cours de français à l'institut français comme on me l'a proposé plusieurs fois, bref, je ne sors pas de mon cocon. J'ai vraiment le sentiment que cette première année au Maroc sera suivie de beaucoup d'autres et qu'elles seront déterminantes pour qui je deviendrais après. Je me sens comme une page vierge de nouveau qui n'attend que d'être inscrite, mais il ne s'agirait pas de le faire mal, à la hâte, de scribouiller. C'est à peine si je commence à m'approprier mon quartier, quel besoin de courir partout ? J'en aurais bien le temps plus tard, quand, naturellement, mon petit cercle s'aggrandira. Je m'apprivoise et j'apprivoise la vie alentour. Si Paris fut plein de feu, de fureur, de passions et d'énergie, Casa me semble l'harmonie, le calme, le retour en moi.

"Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté."

Je ne sais pas encore si je rencontrerais d'aussi formidables amis que vous ici. A dire vrai, pour les gens que j'ai déjà croisé, cela m'a tout l'air d'être bien parti. Mais en fait, pour l'instant, c'est tout à fait par hasard, car je n'en cherche pas. Je vous ai, vous, très présents à l'esprit, et puis j'ai ce besoin de retraite qui fait de la solitude une condition du bonheur. Je me contente d'accueillir ces hasards avec bonheur et étonnement, et de retourner dans mon petit paradis dans lequel le soleil se lève sur la mer, Amina prépare le thé pendant que je lis ou écris, allongée avec un plaid sur les genoux, un chat à portée de main.

Espérons que tout cela sera le prélude à quelque chose, que cette maturation débouchera sur une Mel nouvelle et non sur un laisser-aller désastreux autant que facile. Mais c'est là, mes amis, que vous interviendrez. J'espère que vous saurez comprendre mon inaction de façade tant qu'elle sera fructueuse, et que vous saurez me secouer sérieusement les puces si je ne semble pas évoluer d'un iota. Voilà. Je me donne cette année pour voir, avec quelques rendez-vous importants : le salon du livre, en mars où, si je ne présente pas Les Loups à quelques éditeurs, vous aurez le devoir moral de m'engueuler, le projet de polar folklorique, pour lequel j'ai pour l'instant du mal à réunir de la doc mais que vous ne devez pas me permettre d'abandonner.

J'avais dit "quelques mots", j'ai pondu une tartine. J'avais dit "pas de résolution", finalement, il y en a une, une qui vous engage, en plus, une que je ne veux pas voir abandonnée et que je ne me fais pas assez confiance pour qu'elle relève de moi seule. Comme quoi, vous quitter physiquement, ce n'est, dans mon esprit, pas vous abandonner, au contraire. L'estime, l'amitié que je vous porte me pousse à rechercher près de vous les encouragements comme les jugements les plus sévères sur mon parcours. Je veux être à la hauteur de ce que nous étions ensemble à Paris. Je veux que vous veniez me voir et trouviez que ma vie est belle et que je n'ai pas changé. Je veux que nous passions encore de nombreuses soirées, et que, comme la dernière fois que je suis venue à Paris, la vieille ambiance revienne, naturellement. Je veux venir vous voir et vous raconter un monde passionant, tout plein de possibilités fabuleuses. Mais je veux le faire à mon rythme, plus languissant qu'avant, peut-être aussi plus adulte, moins foufou, mais toujours aussi passionné.

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H
ça fait tout chaud au coeur de ne pas se voir abandonné par des amis, sous prétexte de distance, et comme disait l'autre imbécile "loin des yeux loin du coeur"....T'inquiète pas mel, et tu peux rassurer aussi jm à mon sujet, je compte pas vous laisser tomber de si tôt, même si je dois traverser la méditerrannée à la nage pour économiser qq centimes d'euros pour vous voir ;-) je préfererais encore me passer de cadeaux de noël, hé hé...Allez, demain un coup de fil important pour un boulot, et qui sait peut-être un voyage au maroc au final !bises
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K
Merci beaucoup pour le lien, c'est sympa comme tout, et bon courage car comme disait Fucius, qui était loin d'être con ( hi hi... ) : " exister, c'est insister "<br /> Alors, keep the faith ....<br /> Amicalement.<br /> Kinou.
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