Des enfants au Maroc

Publié le par Mel

Or donc, puisque cela fait longtemps que je ne vous ai pas entretenu de la culture marocaine, je vais vous parler des enfants. Quelque chose frappe le visiteur au premier abord : les enfants dans la rue sont surveillés par tout un chacun. Je me souviens d'un des premiers jours où nous étions ici, dans un café. Une petite fille de peut-être trois ans se baladait dans l'établissement tandis que son père (je crois) prenait un pot tranquille. Elle allait à droite, à gauche, courrait partout. Comme il faisait beau, les portes du café était ouverte et il prit l'envie à la petite de sortir. Juste à côté de la porte se trouvait un vieux monsieur qui lisait son journal et qui, sans même lever les yeux de sa lecture, barra la porte à la petite et, d'un geste souple et gentil, lui indiqua de rentrer parce que la rue était dangereuse. La petite grimpa sur ses genoux, froissant le journal et le vieux, tranquillement, la fit sauter et rire aux éclats, le temps que le père vienne la chercher. Après quoi, posément, il défroissa son journal et repris sa lecture.

De même, il y a une laiterie très connue à Casa, qui s'appelle les Jus de Bordeaux et qui se trouve, fort logiquement, sur le boulevard du même nom. Or donc, cette laiterie se situe dans un quartier relativement populaire et juste à côté d'elle se trouve un magasin réparation de cycles. Un jour que nous y buvions un jus, une petite fille de 5 ans environ se trainait un bébé qui l'encombrait visiblement pour jouer avec ses copines. Pourtant, elle s'en occupait bien, mais à un moment donné, oublieuse de son petit frère ou sa petite soeur, l'envie se fit trop forte de courir. Elle laissa donc le bébé par terre, comme il se trouva, juste à côté de la roue d'une mob en réparation, laquelle roue tournait follement. L'un des mécaniciens, qui s'occuppait de la mob, ramassa l'enfant et le mis sur sa hanche, sans même vraiment regarder ce qu'il faisait et le rendit à sa soeur un peu plus tard quand celle-ci se rendit compte de sa bêtise.

Or donc, les enfants, tout le monde s'en occupe. Et comme me le disait une copine qui vient juste d'en avoir un, du coup, ils appartiennent plus à la communauté qu'aux seuls parents. Tout un chacun vient la voir pour caresser le bébé, complimenter la mère etc., dans la rue, le supermarché, partout, en somme. De même, ma mère me racontait que dans l'avion l'amenant à Casa, une femme encombrée de deux bébés en très bas âge et une petite fille de 3 ans lui mit naturellement un des bébés dans les bras, biberon compris, le temps pour elle d'installer le reste de sa progéniture. Bien qu'un peu surprise au début, elle prit évidemment le bébé et lui donna son biberon...

Moi j'aime bien cet état d'esprit. Quand on voit qu'en France, le fait de simplement regarder l'enfant de quelqu'un inquiète les parents au point qu'il se demandent si on ne va pas l'enlever, ce souçi de toute une communauté pour la préservation des petits est rafraichissant et particulièrement émouvant. Voilà, le Maroc, c'est ça. Bon, pour être tout à fait juste, et en particulier concernant les enfants, c'est aussi des peines ridicules pour la pédophilie, des enfants des rues misérables et peu d'orphelinat, des petites filles bonnes à 200 dirhams le mois. Mais c'est encore d'autres sujets, sur lesquels je me sens moins d'humeur lyrique ce matin.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article