Pour faire cesser toutes spéculations sur Essaouira

Publié le par Mel

Alors, comme je vois qu'hier les origines du nom de cette ville et de son nom ancien firent rage (sic : 2 commentaires) et qu'il y aurait lieu de s'inquiéter si je n'en profitais pas pour étaler moi aussi ma confiture en une si belle occasion, je vais donc vous raconter ce que notre ami le guide touristique appuyé de notre second ami Wikipédia nous dit d'Essaouira.

Situé à 360km au sud de Casablanca sur la côte Atlantique, ce port de commerce protégé des vents et riche en eau potable fut fondé aux alentours du 9e siècle avant JC par des marchands puniques qui y installèrent une "échelle", c'est à dire un comptoir sur la route du Cap-Vert. La population locale étant berbère, le premier nom du lieu fut donc Amogdul, "La bien gardée".

Vers le 3e siècle avant JC, la région s'organisa en monarchie berbère, mais passa relativement rapidement, à la fin de la seconde guerre punique, en 146 avant JC, sous domination romaine et le royaume devint un état-client. Le plus connu des souverains de cette dynastie berbère fut Juba II qui favorisa le commerce des salaisons mais surtout de la pourpre, cette teinture d'un rouge profond fabriquée à partir d'un coquillage, le murex, que l'on trouvait en grande quantité dans les îles Purpuraires (nommées d'après cette particularité, comme vous pouvez le constater), au large d'Essaouira. La production de pourpre fit la renommée de la ville jusqu'à la fin de l'empire romain qui finit par annexer la région et en faire une province en 42 après JC, sous le nom de Maurétanie Tingitane.

Au Moyen-Age, les marins portugais virent tout l'avantage de ce port isolé et bien situé sur la route des épices. Ils réinvestirent les lieux plus ou moins abandonnés et appellèrent la ville Mogdura, déformation probable du nom d'un marabout local, Sidi Mogdoul, dont le nom était lui-même vraisemblablement issu de l'ancien nom berbère de la ville, Amogdul.

Quoi qu'il en soit, la ville est florissante et développe une très forte communauté juive, qui y sert d'intermédiaire entre le sultan et les puissances étrangères. Ils ont ainsi l'exclusivité de la vente de blé aux chrétiens, celle-ci étant interdite aux musulmans.

En 1764, le sultan Mohammed ben Abdellah décide d'installer à Mogdura sa base navale et de reconstruire la ville , plus ou moins abandonnée des portugais et bordélique au possible. Il fait appel à un architecte français élève de Vauban, Théodore Cornut. Celui-ci construisit le port et la kasbah, mais non la médina ou la seconde ceinture de remparts, car il était considéré comme trop cher pour ses services, sans compter qu'il avait beaucoup travaillé pour les anglais, c'est à dire les ennemis. Toutefois, ses plans furent en grande partie utilisés et la ville mérita le nom d'Es-Saouira, "la bien dessinée".

La ville connût une grande prospérité jusqu'au milieu du XIXe siècle, notamment grâce aux bijoutiers juifs qui faisaient accourir toute la bourgeoisie marocaine dans la région. On l'appela régulièrement Tombouctou, à cause des caravanes et des bateaux chargés d'or, dépices et d'esclaves venues de l'Afrique Sub-saharienne qui s'y déchargeaient.

 Cependant, elle finit par perdre de son importance au fur et à mesure du XIXe siècle et fut détrônée, notamment durant le Protectorat français, par la construction de nouveaux ports tels qu'Agadir, Casablanca ou Tanger. Les espagnols (qui eux aussi dominèrent cette région pendant un court laps de temps) nommaient la ville Mogadur et les français Mogador.

Handicapée par ses eaux peu profondes, Essaouira vit son port peu à peu fermé au commerce moderne, mais la ville connut une renaissance spectaculaire il y a une vingtaine d'années, grâce au tourisme, l'artisanat et une grande renommée de ville des arts en général. Patrimoine mondial classé à l'Unesco, elle est désormais un des principaux attraits touristiques du Maroc et le chef-lieu d'une région de 500 000 habitants, essentiellement des agriculteurs. On trouve notamment dans cette région des arganiers, qui produisent des amandes dont on tire l'huile d'Argan, délicieuse en salade ou en tagine, mais également produit de beauté dont les vertus ne cessent d'être reconnues en ce moment. D'ailleurs, l'arganier est également classé patrimoine mondial, désormais...

Voilà, vous savez tout, maintenant ! Elle en a eu des noms, cette ville, hein ?
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H
Ouep ! merci à notre second ami, chez qui j'avais entièrement pompé toutes les infos :-)
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